De toute façon, tu ne changeras jamais !
De toute façon, tu ne changeras jamais !
M’a-t-elle balancée à la figure.
De toute façon tu ne changeras jamais ! De toute façon tu ne changeras jamais ! C’était notre dernier échange.
Sur le coup, je n’y avais pas prêté attention.
J’étais dans une forme de silence, de vide intérieur. Une forme de résistance. Une partie de moi estimait que je n’avais pas à changer.
Petit à petit, l’inquiétude à fait surface, est-ce que notre relation s’arrête là ?
Je doutais à présent. Je savais qu’il y avait en moi des choses qui ne plaisaient pas. Des choses que l’on pouvait me reprocher.
La peur à pointé le bout de son nez. Elle est montée. Elle s’est installée. Un sentiment d’impuissance, de découragement se sont emparé de mon corps et de mon cerveau. Je faisais comme si rien n’était. J’ai pris la tangente, comme si j’allais trouver un paradis, ailleurs. Le divorce est arrivé très vite.
J’avais toujours cette phrase qui revenait sans cesse « De toute façon tu ne changeras jamais ». J’allais et venais. Le paradis que j’attendais s’est révélé très vite totalement illusoire.
Le regret commençait à prendre le dessus.
Et cette phrase qui se répétait dans ma tête, … Que me demandait-elle au juste ? Ma femme me demandait de faire attention à elle, d’être attentif à ses besoins et à ses difficultés. Et je n’ai pas vu qu’il aurait fallu changer de pas grand-chose. Des petits trucs tout bête du quotidien.
Maintenant c’est trop tard… Le divorce est prononcé, la relation cassée… le sentiment d’échec s’est installé. J’ai le sentiment d’avoir perdu. Je ressens une immense tristesse, un sentiment d’échec, de non sens.
Et cette phrase : « De toute façon tu ne changeras jamais ! » me faisait pression Changer, j’ai essayé pourtant.
J’ai eu des difficultés à me changer moi-même, pensant que ça ne servait à rien, que je reviendrais comme avant. « Le naturel revient au galop » fredonné en moi le vieux dicton.
De toute façon, tu ne changeras jamais !« De toute façon je ne changerais jamais ! » c’était devenu une conviction. A force de répétition, de rumination, d’amplification répétée, j’y croyais vraiment. J’avais fait de Sa certitude, Ma certitude. « Je ne changerais jamais ». C’était une évidence, une conviction, une forme d’auto condamnation.
Le temps est passé. Aujourd’hui je me questionne encore.
Que s’est-il passé au juste. J’ai résisté au changement parce que je sentais approcher une situation menaçante ? J’étais effectivement en confort, en sécurité. J’avais tellement peur du changement que la résistance est devenu une stratégie. J’ai donc résisté tout le temps. J’en ai fait une position de vie. Et mon côté rebelle c’est réveillé, cheminant main dans la main avec mon égo.
Le renoncement le plus difficile, m’a-t-on dit, est celui de vouloir changer les autres. C’était tellement tentant pour elles. Pour ma femme et pour toutes les compagnes que j’ai rencontré. Dommage, elles n’ont pas trouvé la télécommande. Mon rebelle l’avait caché sous le canapé.
Si on ne peut pas changer les autres, comment œuvrer à son propre changement ? Les questions qui me semblent incontournables sont : Changer pourquoi ou pour quoi ? Ai-je envie de changer ? Et, est-ce que j’en ai besoin ?
C’est lorsque que j’ai pris conscience de mes besoins que j’ai commençais à planter de la bienveillance en moi. Une bienveillance qui a fleurit dans mes rapports avec les autres. Ma motivation s’est basée sur la satisfaction de mes besoins. Mes préoccupations avaient changé. Il ne s’agissait plus de nourrir ma peur, mais de satisfaire mes propres besoins.
La « peur » une fois installée en moi, ne m’a apporté aucune solution. Le besoin, lui, m’a donné des clés. Car au fond, l’écoute de nos besoins n’est là que pour rétablir une émotion que nous recherchons tous : la joie.
Et si vous pensez ne pas y arriver, gardez ceci à l’esprit. Notre cerveau est neuro plastique. Cela signifie qu’il est capable de créer de nouveaux chemins neuronaux. Comment ? En s’entraînant ! Ces chemins sont nos habitudes. En changer est donc possible. Nous pouvons aussi considérer que le changement que nous souhaitons opérer n’est que la somme des petits changements que nous allons réaliser. Alors lentement, mais sûrement, Allons de l’avant !
Naïma SAKET