Vivre aux côtés d’un râleur
Alors à quoi il ressemble ?
Ronchon, bougon, il est facilement reconnaissable. Il aime indéniablement râler. « Ah ces parcmètres, c’est vraiment nul. Il faut toujours rajouter des pièces ! ». Accusateur et agressif, il ne cesse de se plaindre. Ces principales cibles sont souvent l’administration, les automobilistes, les enfants ou encore les femmes… La moindre contrariété va déclencher des salves de critiques et des jugements.
« Oh les femmes, surtout les vieilles dames aux caisses de super marchés… je me retrouve toujours derrière la vieille dame à moitié sourde qui a oublié de peser ses légumes ».« Jugeurs compulsifs », il y a toujours quelque chose qui ne va pas.
« L’administration ce sont vraiment des voleurs ! Pour ce petit bout de papier, il me demande de payer 800 €uros !!!En plus c’est mal foutu. Sept lignes et demi pour 800 €uros ! Eh bien vive la France !! » Rouspéteur patenté, il part souvent en croisade sur les routes des généralités. Il se focalise sur ce qui ne va pas et impose son point de vue.
« Ces garagistes, ce sont des charlatans : j’en ai vu 3, j’ai 3 diagnostics différents. Ils m’ont fait perdre 24h. Ils sont tous incompétents ». Le jugement est devenu pour lui une façon d’exister. Il assène d’insatisfactions à longueur de journée, et “tire sur tout ce qui bouge”.
Vous auriez envie de lui répondre, tenter de relativiser et encore de vous justifier, mais vous finissez très vite par renoncer. Il n’écoute pas. Enfin si, il écoute. Non pas pour « COMPRENDRE » mais pour vous « REPONDRE » et là, c’est la surenchère. Dans son souci obsessionnel de perfection, rien n’est jamais assez bien pour lui. Il se condamne lui-même à une éternelle insatisfaction.
Chercher la vraie cause de ses critiques
Mais pourquoi semble-t-il parfois se complaire dans ces états négatifs ? il se condamne luimême à l’isolement. Pourquoi cette hargne ? Il doit certainement y avoir un avantage à être rabat-joie. C’est peut-être parce qu’il souhaite attirer l’attention. Ou alors que sa frustration est trop difficile à gérer. Que la moindre petite contrariété lance son programme de « Je râle donc je suis ». Vivre aux côtés d’un râleur
Son besoin de perfection semble tellement fort, qu’il s’agit pour lui d’entretenir une façade absolument impeccable ! Toutes ses qualités sont à maintenir, c’est certainement une question de sécurité intérieure. En s’attribuant l’autorité suprême du juge, il cherche à se sentir intouchable. Dur travail de chaque jour … raleur Autant pour vous, c’était amusant au début, mais à la longue c’est fatiguant, usant et ça plombe le moral.
Ses critiques sont pesantes, redondantes. Il vous fait porter le poids de ce qui ne va pas, il tourne en boucle. C’est relou. Et la tentation est grande de lui reprocher son comportement : « Tu n’es qu’un rabat-joie ! Tu as vraiment un problème ». Mais pas question de modeler son partenaire ou de lui demander de se transformer tout d’un coup en boute-en-train. Impossible ! Plus vous allez essayer de lui faire voir la vie autrement, plus il va tenter de me montrer qu’il a raison de la voir ainsi. Il vaut mieux renoncer avant même d’essayer.
La relation peut se dégrader très rapidement et très facilement. Avant que la relation n’en pâtisse ou se dégrade voici quelques préconisations. L’objectif principal : prendre les choses avec détachement et humour. Pas facile au début, mais avec de l’entrainement on y arrive.
Première étape : Prendre de la distance, respirer le grand air et construire son bouclier magique Il y aura désormais d’autres réceptacles, que votre âme pour déverser quelconques lamentations. Ceci permet à la fois de se protéger et de rendre à l’autre ce qui lui appartient et surtout la responsabilité de ses opinions.
Deuxième étape : Préparez-vous et entrainez-vous : allez hop, auto stretching ! Râlez à votre tour ! SURTOUT, en exagérant et en forçant le trait. Vous pouvez aussi lui dire qu’il a raison de se plaindre et en profiter pour lui demander de vous inviter au restaurant. Ou lui dire qu’heureusement qu’il est là pour remarquer tout de suite ce qui manque, que la prochaine fois, vous comptez sur lui pour faire mieux parce qu’il est vraiment d’une grande efficacité et qu’il remarque tous les détails. Une fois que le jeu est calmé passez à la troisième étape.
Troisième étape : Regardez ses côtés positifs plutôt qu’aux négatifs. Les avantages du râleur. Et oui, bien sûr, il en a ! Les râleurs et leurs critiques permettent d’avancer Il a des raisonnements efficaces et développe de bons arguments pour être crédible Il se surpasse pour faire mieux que les autres Il a le courage de dire ce que personne ne souhaite dénoncer Il sait s’affirmer et dire de vrai NON En colère ou de mauvaise humeur, il se met souvent dans les meilleures conditions pour prendre une décision difficile Il connait toutes les techniques pour avoir raison Il a beaucoup d’humour Il a un cœur gros comme ça ! Bref, IL EST ATTACHIANT ! Ben finalement ce n’est pas mal du tout !
Quatrième étape : Parlez-lui de vos besoins Vous en serez d’autant plus modélisant. En tentant de prendre conscience des raisons qui le pousse parfois à râler dans certaines circonstances, il comprendra quel besoin au fond de lui n’est pas comblé. Avoir ce cheminement de pensée lui permettra petit à petit d’arriver à identifier clairement ses besoins. Et vous n’aurez qu’une envie : que sa présence soit un bonheur, tout le temps.
Naïma SAKET